INTRODUCTION
La SaintéLyon n’est pas une course comme les autres. C’est une aventure nocturne, une traversée mythique entre Saint-Étienne et Lyon, mêlant effort physique et dépassement de soi. Pour Lamia, cette édition de 82 km a été bien plus qu’un simple défi sportif : une épreuve marquée par des instants de doute, des élans de courage, et une profonde résilience. Dans ce récit, elle partage son expérience brute et sincère.
SON TEMOIGNAGE
Une quatrième Asics SaintéLyon mais chaque édition est différente, le kilométrage et des portions de parcours qui varient mais surtout, en général de dures conditions météo : neige, pluie et boue, grand froid avec un départ nocturne.
Mais pour ce 70ième anniversaire, les conditions météo étaient excellentes et pouvaient faire espérer un bon chrono. C’était sans compter les difficultés du parcours et sa propre condition physique.
Le départ, un peu rapide pour moi, je suis un diésel, mais j’étais plutôt bien.
En revanche, dès la première montée j’ai commencé à peiner, même si les montées ne sont pas mon point fort, là, je souffrais plus que d’habitude, jusqu’à ce que je sente le franchissement du seuil de tolérance par mon corps, celui où ton estomac se contracte, ta respiration s’accélère, t’as qu’une envie te poser quelque part, mais déjà que j’avais énormément ralenti le rythme je me disais « ça va passer ».
En effet, pendant un long trail (en distance et en temps) on passe par plusieurs phases de hauts et de bas. Malheureusement cette mauvaise phase persistait et au bout d’environ 17km j’ai commencé à avoir les spasmes de vomissement, puis le vomi a suivi, puis un mal de tête, une douleur à l’estomac et grosse envie de dormir. Je dis à Pascal que je n’arriverai pas à remonter, il me répond que le ravito 1 n’est pas loin, seulement 3km et là il y aurait des secouristes que je pourrai aller voir….
En arrivant au ravitaillement de Saint-Christo-en-Jarez, je suis dans un état second, je n’entends rien, je n’ai pas rechargé mes flasques, je ne sais pas vraiment ce que j’ai fait, je crois que j’ai pris un peu de coca mais je n’en suis même pas sûre.
Pascal me rejoint après le ravito et me demande si ça va mieux je lui réponds que non et me demande pourquoi je ne suis pas allée voir les secouristes…Ben aucune idée, mon corps était là mais pas ma tête…Je continue.
Au bout de quelques km, je ne saurais pas me situer dans le temps ou la distance, j’ai recommencé à vomir de plus belle, je me suis même allongée je n’avais qu’une envie dormir… Bien sûr Pascal ne m’a pas laissée et m’a dit : « allez faut y aller sinon tu risques l’hypothermie ». On marche lentement, avec des arrêts, jusqu’à Sainte Catherine et si ça ne va pas mieux, il y aura les cars d’abandons…
En marchant j’avais toujours extrêmement mal à la tête, l’estomac en vrac et toujours sommeil, je me suis quand même forcée à avaler une gorgée de compote, et mordu une bouchée de barre de céréales que j’ai longuement mastiquée, j’ai tout gardé.
Arrivée à Sainte Catherine, km36 ça allait un peu mieux Pascal m’a demandé si je voulais continuer j’ai répondu un petit oui, c’est très difficile d’abandonner presque autant que de continuer. Et puis au fur et à mesure la douleur à l’estomac est passée, j’avais toujours sommeil et un peu mal à la tête mais c’était supportable.
Je recommence à apprécier les paysages, à discuter avec les coureurs, même dans la montée interminable et très pentue en sous bois, où d’ailleurs tous les coureurs ralentissent et Pascal en profite pour faire des interviews pour son reportage en immersion sur la SaintéLyon.
Quand le soleil se lève, c’est une autre course, ça nous rebooste et nous atteignons Le Signal, un moment magique où nous sommes au-dessus des nuages. J’admire à nouveau les paysages, campagne, sous- bois et hauteurs, et je pouvais à nouveau trottiner sur le plat et dans les descentes. Ravito 3, à Saint-Genou, km48 je recharge en eau et en citronnade énergétique.
Puis, Pascal qui commence à avoir des douleurs et veut se préserver donc nous ne forçons pas et ça nous permet de discuter avec d’autres coureurs : cette course est l’occasion de faire de belles rencontres, même éphémères, elles vous mettent du baume au cœur tout au long du parcours.
Quand nous avons passé le plus gros des difficultés, c’est réconfortant car nous savons que nous allons finir.
Km61, ravito 4, Soucieu-en-Jarrest. On peut s’assoir, se ravitailler et se changer si besoin à l’abri et au chaud (bien utile dans les éditions précédentes).
Dernier ravito, Chaponost, il est pénible pour les coureurs, sur route goudronnée nous faisons un aller-retour pour rejoindre le gymnase. Plus que 14km avant d’arriver à Lyon ! Youhou ! Mais Lyon est vallonée et en fin de parcours sur le goudron, pentes et escaliers ça fait mal aux muscles ou aux articulations.
Petit à petit on se rapproche de l’arrivée, ça reste un grand moment magique et émouvant, où lorsque l’on franchit l’arche, il est difficile de retenir ses larmes en se disant ça y est je l’ai fait : « Je suis finisher, moi coureuse ordinaire (clin d’œil à mon ami Abdé), de la SaintéLyon 2024, une course extraordinaire !!!
Retrouvez le reportage vidéo complet de la Asics SaintéLyon 2024 sur YouTube en cliquant ici